La santé du microbiote n’a jamais autant captivé l’attention, et pour cause : lorsque l’intestin se dérègle, il n’y a pas qu’un type de désordre possible.
Beaucoup (trop) de personnes découvrent qu’elles souffrent à la fois de candidose intestinale due à une sur-prolifération de levures du genre Candida, notamment Candida albicans, et de SIBO (ou Small Intestinal Bacterial Overgrowth, pullulation bactérienne du grêle).
Deux troubles bien distincts en théorie, mais qui partagent de nombreux symptômes, favorisent l’un l’autre et nécessitent une prise en charge globale pour retrouver un confort durable.
Candidose et SIBO : définitions en bref
Le SIBO se caractérise par une présence excessive de bactéries dans l’intestin grêle, alors que le côlon en abrite la majeure partie à l’état normal.
Cette prolifération bactérienne perturbe la digestion, provoque gaz, distension abdominale, alternance diarrhée/constipation et altère l’absorption des nutriments.
La candidose intestinale (parfois appelée SIFO pour Small Intestinal Fungal Overgrowth) résulte quant à elle d’une expansion anormale de champignons (surtout Candida) dans le même territoire.
Ces levures opportunistes profitent d’un déséquilibre du microbiote ou d’une immunité affaiblie pour proliférer, entraînant ballonnements chroniques, envies de sucre, troubles digestifs mais aussi mycoses récidivantes, brouillard cérébral, candidoses vaginales ou cutanées.
Symptômes communs et différences : comment les distinguer ?
De nombreux symptômes de la candidose et du SIBO se confondent :
Des ballonnements chroniques, météorisme
Une alternance diarrhée/constipation
De la fatigue persistante, des douleurs abdominales, une digestion lente
Des intolérances alimentaires, parfois des nausées et de la gêne après les repas
Mais quelques signaux orientent :
La candidose se manifeste souvent aussi à l’extérieur : mycoses, langue blanche, envies de sucre incontrôlables, brouillard cérébral, infections urinaires/fongiques récurrentes.
Le SIBO cause en général un inconfort qui s’aggrave après alimentation riche en fibres fermentescibles (FODMAP) et peut générer carences profondes en vitamines B12, D, K, A du fait de la malabsorption.
On observe fréquemment des excès de candida lors de SIBO avec dominance d’hydrogène ou de méthane dans la flore fermentaire.
Pourquoi la candidose et le SIBO vont souvent ensemble ?
Altération de la motilité : la lenteur du transit (constipation, ralentissement du complexe moteur migrant) favorise à la fois la prolifération des bactéries et celle des levures.
Chute de l’immunité : un terrain fragilisé (antibiotiques, traitements immunosuppresseurs, corticothérapie…), la prise répétée d’antibiotiques ou l’alimentation ultra-transformée favorisent la montée parallèle des levures et des bactéries pathogènes.
Compétition/niche écologique : une flore bactérienne tarie crée un espace libre dans le grêle qui peut rapidement être envahi par des levures comme Candida.
Dérèglement du microbiote : la dysbiose (déséquilibre global de la flore) est un facteur central. Levures et bactéries pathogènes prospèrent au détriment des bactériens bénéfiques, ce qui perpétue l’inflammation intestinale.
Comment identifier la candidose et le SIBO ?
Pour identifier le SIBO :
Un test respiratoire d’hydrogène/méthane (lactulose ou glucose), parfois combiné à des analyses sanguines/urinaires pour carences. On en parle en détail dans notre e-book pour Guérir du SIBO.
Des signes cliniques d’amélioration ou aggravation selon la diète (notamment Low FODMAP, régime spécifique du SIBO).
Pour détecter la candidose :
La recherche de mycélium ou de spores de Candida dans les selles, ou PCR fongique (plus rarement prescrite).
Des symptômes extra-digestifs très parlants (langue blanche, mycoses, onychomycoses, pulsions de sucre…).
Attention, les deux troubles coexistent souvent, et il existe maintenant une entité intermédiaire, le SIFO (Small Intestinal Fungal Overgrowth), prouvée par plusieurs études récentes.
Régime SIBO et candidose : comment concilier les deux sans carences ni frustrations ?
Lorsqu’on souffre à la fois d’un SIBO et d’une candidose, l’alimentation devient un véritable défi. Ces deux troubles partagent certaines causes (déséquilibre du microbiote, excès de sucres fermentescibles, stress, antibiotiques…), mais leurs régimes respectifs peuvent parfois sembler contradictoires.
L’objectif est donc de trouver une approche alimentaire commune, qui aide à rétablir l’équilibre intestinal sans affaiblir l’organisme ni générer de carences.
Régime SIBO : réduire les FODMAPs et soutenir la digestion
Le régime anti-SIBO vise à réduire la fermentation intestinale en limitant les aliments riches en FODMAPs (glucides fermentescibles). Ces sucres mal absorbés nourrissent l’excès de bactéries dans l’intestin grêle et aggravent les ballonnements, les gaz ou la diarrhée.
Principes de base :
Limiter les fruits très sucrés (pomme, poire, mangue, miel).
Réduire les légumineuses, oignons, ail, choux et autres aliments fermentescibles.
Fractionner les repas pour faciliter la vidange gastrique.
Bien mastiquer et éviter de grignoter entre les repas, pour laisser le système digestif se régénérer.
Boire suffisamment, mais à distance des repas, pour ne pas diluer les sucs digestifs.
Régime anti-candida : priver le candida de son carburant
Le régime anti-candida vise à affamer la levure Candida albicans, souvent responsable de mycoses digestives ou vaginales, de fatigue et de brouillard mental.
Recommandations principales :
Éviter tous les sucres rapides : pâtisseries, confitures, jus de fruits, sodas, miel, sirops.
Limiter les farines raffinées (pain blanc, pâtes blanches, viennoiseries).
Réduire la consommation de produits fermentés ou moisis : alcool, levure de bière, vinaigre, fromages affinés, charcuteries.
Consommer davantage de protéines, de graisses saines (huile d’olive, noix de coco, avocat) et de légumes à faible indice glycémique.
Comment combiner une diète anti-SIBO et anti-candida ?
Si tu souffres des deux, l’idéal est d’adopter une alimentation pauvre en FODMAPs et en sucres rapides, tout en préservant les apports essentiels. L’objectif n’est pas la privation, mais la stabilisation du microbiote intestinal.
Quelques principes simples :
Choisir des légumes pauvres en FODMAPs : courgette, carotte, épinard, concombre.
Consommer des protéines digestes : poisson, œufs, volaille, tofu ferme.
Privilégier des graisses de qualité : huile d’olive, ghee, huile de coco.
Éviter les aliments fermentés tant que les symptômes persistent (kéfir, kombucha, choucroute).
Réintroduire progressivement certains aliments une fois l’équilibre intestinal rétabli.
Attention : trop de restrictions fragilisent le système immunitaire et peuvent favoriser la rechute du SIBO ou de la candidose à la reprise d’une alimentation normale.
Le mieux est d’être accompagné par un praticien spécialisé en SIBO et microbiote pour adapter la diète à ton profil.
En résumé
| Objectif | Pour le SIBO | Pour la candidose | En commun |
|---|---|---|---|
| Réduire la fermentation | Limiter les FODMAPs | Supprimer les sucres rapides | Éviter les glucides fermentescibles |
| Soutenir la flore saine | Apport de fibres douces | Soutien du microbiote | Probiotiques adaptés |
| Prévenir les carences | Fractionner, équilibrer | Graisses saines, protéines | Alimentation variée et personnalisée |
5 traitements naturels et intégratifs face à la candidose et le SIBO
Une phytothérapie ciblée
Ail, origan, curcuma, propolis, extraits de pépins de pamplemousse, berbérine : molécules antifongiques et antibactériennes à large spectre, validées pour réduire la charge de Candida et de pathogènes opportunistes.
Plantes prokinétiques (artichaut, gingembre…) : soutiennent le transit et limitent la stase, facteur central de rechute.
Un soutien avec des probiotiques bien ciblés
Probiotiques à base de levure non pathogène (Saccharomyces boulardii) : aident à contrôler la levure candida et restaurer l’équilibre post-antibiothérapie.
Prudence avec les probiotiques lactiques chez certains SIBO (peuvent majorer les symptômes chez ceux sensibles).
La micronutrition
Correction des carences induites par la malabsorption (vitamines B12, D, A, zinc…).
La gestion du stress et des facteurs de rechute
Yoga, gestion du rythme circadien, correction de la dysautonomie (favorise la motilité et l’immunité intestinale).
Un suivi personnalisé
Eviter l’automédication : certains antifongiques naturels interagissent avec les traitements, et l’excès de restrictions peut mener à la fatigue.
SIBO et candidose : conclusion et perspectives
La candidose et le SIBO sont des troubles digestifs fréquemment intriqués, aux symptômes parfois indémêlables.
Leur prise en charge passe par un diagnostic précis, une alimentation adaptée, et un protocole intégratif alliant plantes, gestion du stress, correction des carences sous accompagnement d’un professionnel expérimenté.
En retrouver la cause profonde et l’équilibre microbiotique est la clef d’un mieux-être digestif durable.
FAQ : tout savoir sur le SIBO et la candidose
Qu’est-ce que le SIBO ?
Le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth) correspond à une prolifération excessive de bactéries dans l’intestin grêle, une zone normalement peu colonisée.
Selon Mayo Clinic, ce déséquilibre perturbe la digestion et peut entraîner des symptômes tels que ballonnements, gaz, douleurs abdominales, diarrhée ou perte de poids.
Qu’est-ce que la candidose ?
La candidose est une infection provoquée par un champignon du genre Candida, principalement Candida albicans.
D’après le CDC (Centers for Disease Control and Prevention), ce champignon vit naturellement dans le corps, mais il peut se multiplier de manière excessive en cas de déséquilibre du microbiote ou de baisse d’immunité.
Le SIBO et la candidose sont-ils liés ?
Oui, ils peuvent l’être, car ces deux troubles partagent plusieurs facteurs déclenchants : déséquilibre du microbiote intestinal, usage répété d’antibiotiques, stress chronique ou troubles de la motilité intestinale.
Cependant, comme le souligne ISAPP Science, la notion de “candidose digestive chronique” reste controversée sur le plan scientifique.
En résumé, SIBO et candidose peuvent coexister, mais le lien est souvent indirect.
Quels sont les symptômes les plus fréquents ?
SIBO : ballonnements, gaz, douleurs abdominales, diarrhée, constipation, reflux, fatigue après les repas.
Candidose : envies de sucre, ballonnements, mycoses récidivantes, brouillard mental, fatigue persistante.
La Cleveland Clinic précise que le SIBO peut entraîner des carences nutritionnelles dues à une mauvaise absorption.
De son côté, le NIH décrit la candidose comme une infection pouvant toucher le tube digestif, la bouche ou la sphère génitale.
Comment diagnostiquer le SIBO et la candidose ?
Le SIBO se diagnostique généralement par un test respiratoire à l’hydrogène et au méthane, qui mesure la fermentation intestinale.
Mais selon Mayo Clinic, ces tests ont leurs limites et doivent être interprétés par un professionnel formé.
La candidose, quant à elle, se détecte par analyses de prélèvements (selles, bouche, vagin, etc.).
Un diagnostic médical reste indispensable pour éviter les erreurs d’interprétation.
Quelle alimentation adopter en cas de SIBO et de candidose ?
Le régime anti-SIBO repose sur une alimentation pauvre en FODMAPs, tandis que le régime anti-candida vise à réduire la consommation de sucres rapides et d’aliments fermentés.
Selon la Cleveland Clinic, limiter les FODMAPs permet de diminuer les ballonnements et la fermentation.
Le CDC recommande de restreindre les sucres pour freiner la croissance du Candida.
Une approche combinée, mais équilibrée, donne souvent les meilleurs résultats.
Pourquoi les récidives sont-elles fréquentes ?
Parce qu’on traite souvent les symptômes sans corriger la cause profonde.
D’après PubMed Central, les rechutes du SIBO sont fréquentes si l’on ne prend pas en compte les troubles de la motilité intestinale, le stress chronique ou la santé du microbiote.
La candidose, elle, récidive souvent après des régimes trop restrictifs ou mal adaptés.
Quels traitements existent ?
Pour le SIBO, on utilise parfois des antibiotiques ciblés (comme la rifaximine) ou des alternatives naturelles à base d’extraits de plantes antimicrobiennes.
Pour la candidose, les antifongiques et probiotiques sont souvent prescrits.
Selon Mayo Clinic, les cures “anti-candida” extrêmes ne reposent sur aucune preuve scientifique solide.
Un suivi personnalisé reste la meilleure approche.
Peut-on guérir du SIBO et de la candidose ?
Oui, de nombreux patients retrouvent un équilibre digestif durable en combinant traitement adapté, alimentation progressive et hygiène de vie.
La Harvard Health Publishing insiste sur l’importance d’une prise en charge globale : traitement médical, gestion du stress, sommeil, activité physique et soutien de la motilité intestinale.
Sources et pour aller plus loin
Quand SIBO et candidose font ménage ensemble – LaNutrition Santé
Sibo et candidose digestive, 2 désordres de la flore – LERECA
Microbiote intestinal – SIBO & CANDIDOSE – Laurence Fuhrmann
Dysbiose et antibiotiques : Les probiotiques à base de levure – CDHF
Candidose chronique – traitements naturels, causes et solutions – Alternative Santé

